Un débat fourni et fouillé s'est tenu à
Elne, animé par Jean-Luc Gibelin, chargé de la santé dans l'équipe de campagne
de J-L Mélenchon.
La santé et la protection
sociales sont des sujets qui inquiètent les gens, parce qu'ils ont le sentiment
qu'un grave danger pèse sur l'avenir de la santé publique. Le débat qui s'est
déroulé à Elne, à l'initiative du Front de gauche, en a fait la magistrale
démonstration. Pendant plus d'une heure, les questions ont fusé, tous azimuts,
sur: les déserts médicaux, le financement de la protection sociale, les
génériques, les dépassements d'honoraires, la place du secteur privé,
l'orientation des pratiques médicales par les laboratoires pharmaceutiques, la
médecine scolaire et du travail...
Jean-Luc Gibelin, le Monsieur santé du PCF,
y a répondu, alliant technicité et mise en perspective politique. Mais, avant
de laisser la place au débat, il s'est accordé une courte intervention, dans
laquelle il a noté dés l'abord que « le quinquennat écoulé a été
particulièrement douloureux sur les questions de santé et de protection
sociale ». Pour preuve, un tiers de la population se déclare être en
renoncement des soins.
Des lois et des textes doivent
être abrogés
Pour l'orateur, ce recul sanitaire
et social a été organisé par des lois et des textes. Et, de ce point de vue,
ceux qui à gauche s'apprêtent à accéder au pouvoir doivent dire clairement, ce
qu'ils en feront. Car: « une loi qui a été considérée comme mauvaise,
quand on a été une force d'opposition, il ne faut pas s'en accommoder lorsqu'on
détient la majorité. C'est le cas d'abord de la loi Bachelot qui a saccagé la
réponse aux besoins de santé et qui a organisé la fuite des réponses de
proximité » (voir encadré). Nous parlons d'expérience, a précisé Jean-Luc
Gibelin: « En 97, le gouvernement Jospin n'a pas voulu abroger les
ordonnances Juppé, or, elles se sont avérées être le premier étage de la loi
Bachelot. La gauche, doit s'engager à l'abroger. De même, pour la loi portant réforme
sur le régime des retraites et celle qui réforme la psychiatrie ».
Puis, l'orateur a tracé les
grandes lignes d'une politique alternative basée sur le service public, avec la
notion de proximité, de qualité, avec un pôle public du médicament et un autre de
la perte de l'autonomie, avec un contrôle démocratique, assurant l'intervention
des personnels de santé, des élus et des usagers, se donnant pour objectif le
remboursement à 100% des frais de santé. Tout cela en moins de 25 minutes, sans
omettre la question du financement. A la suite de quoi, sans qu'aucun moment de
répit lui soit accordé, le débat s'est engagé pendant plus d'une heure. Nous en
avons retenu quelques moments.
La loi Bachelot: « une loi
totalitaire dont il faut se débarrasser »
« La loi Bachelot, sous
prétexte de pseudo coopérations public-privé, elle a contribué à déplacer ce
qui est économiquement rentable, notamment les actes chirurgicaux, vers le
privé, en laissant le reste à l'hôpital public. Elle conduit à l'hyper
centralisation avec les l'agence régionale de la santé, dont les directeurs ont
droit de vie et de mort sur les établissements, le pouvoir de désigner les
responsables des établissement mettant en concurrence les individus entre eux.
Elle organise la concentration des structures: son objectif est de passer des
actuels 2400 établissements publics de santé (hôpitaux et maisons de retraite)
à entre 90 à 95 communautés hospitalière de territoire. Ce serait le cas dans
votre département, avec la création d'un établissement administratif regroupant
toutes les structures publiques. L'objectif d la loi Bachelot, c'est aussi de
regrouper les 35000 structures médico-sociales en particulier associatives, en
3000 entités, concentrant ainsi les lieux de pouvoir et éloignant les lieux de
décision de la proximité.
De quelques questions-réponses
Le financement
Nous sommes pour le remboursement à 100% des fais de santé
et pour ce faire, le financement majoritaire sera basé sur la cotisation sur
les salaires et sur le développements de l'emploi. Car nous nous inscrivons
dans une dynamique. En proposant qu'il n'y ait pas de salaires en dessous d'un
smic à 1700 euros, de même pour les minimas sociaux et les retraites, le poids
des cotisations va être très largement renforcé. D'autant, qu'il faut intégrer
ce qui viendra avec le développement de l'emploi. La taxe sur les revenus
financiers à hauteur de 20 à 25%, et qui rapportera de l'ordre de 70 Md
d'euros, sera très loin des besoins en financement de la protection sociale.
Par contre, son intérêt est de bien identifier où se trouve effectivement
l'argent.
les déserts médicaux :
Il faut augmenter le nombre des étudiants de 2ième année
en médecine de l'ordre de 10000, pendant
la durée de la législature. il faut s'engager sur une nouvelle convention
médicale qui permette de rémunérer correctement les praticien, en tenant compte
que leur temps de formation est au moins égal à dix années. Il faut mettre en
place des modes d'organisation de la santé qui puissent attirer les praticiens.
La notion du centre de santé répond pour une bonne part à cette exigence. C'est
une structure avec une équipe pluridisciplinaire, qui respecte les tarifs
conventionnés et le tiers payant et qui prévoit un temps rémunéré pour le
travail collectif.
Les génériques
Le fait qu'une molécule tombe dans le domaine public, nous y
sommes favorables car le laboratoire pharmaceutique qui l'avait brevetée, a eu
largement le temps de faire des profits considérables. Quans les génériques ont
été lancés, c'était le laboratoire qui était l'auteur de la molécule, qui
fabriquait le générique en s'engageant à le faire payer moins cher. Mais, comme
le médicament reste soumis à la loi de l'argent, on a vu des groupes financier
qui se sont lancés dans l'industrie génériqueurs. Ils se contentent d'être à l'affut des molécules qui tombent dans le
domaine public et de les conditionner pour faire de l'argent. Car, il y a une
règle qui autorise une variation de -20à 2+20% sur le principe actif. Il faut
obliger à retenir pour le générique une molécule identique à celle qui est
passée dans le domaine public. Il faut donc insister auprès du prescripteur,
car c'est lui qui garde la responsabilité de prescrire la molécule
médicamenteuse ou son générique.
Roger Hillel (article paru dans le Travailleur Catalan)
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