Chaque premier jeudi du mois, nous nous
retrouvions au cinéma Jaurès d’Argelès sur mer. Un film, un coup à boire, des
casse-croûte inventés par les uns, les unes et d’autres puis la discussion sur
le film. Tous assis, un peu avachis dans les commentaires… mais un seul debout,
Eugène, l’œil alerte et malicieux et surtout un mot, deux ou trois phrases
tranchant dans le socialement correct. Il pointait et traquait l’injustice qui
fragmente les jours et les nuits des travailleurs mais sa poignée de mains
était toujours fraternelle et solidaire. Debout. Un fil le reliait à chacun,
rouge les jours de manif et lors des agapes qu’il partageait avec le quartier,
la culture, les luttes, un fil répondant au moindre appel, un brin goguenard mais
chaque fois amical.
Il avait inventé un jardin qui piégeait toutes les idées reçues ; pas de clôture mais un espace ouvert, avec en premier une bande de terre battue, appuyée à la route, pour jouer aux boules – il est vrai à la barbe des travailleurs travailleuses qui fréquentaient les ateliers de la communauté de communes !
Dans son jardin on retrouvait trois, quatre, voire plus encore de personnes à braver la chaleur et l’heure (et quart) du pastis. Et, juste à côté, des massifs de fleurs, variés, qui embaumaient à visage nu tous les vélocipédistes. Peut-être retenaient-elles les abeilles qui auraient pu féconder les courgettes du potager. Là ! elles mettaient de la musique dans cette zone qui naissait entre des Algecos. Mais le plus beau c’était le potager riche et fertile s’offrant aux regards comme la récompense d’un travail partagé et réussi. Quand Eugène avait fini de récolter pour lui il posait des cagettes sur le bord du jardin et chacun pouvait se servir de légumes.
Il savait
donner du bonheur à la terre et aux hommes. A nous tous et toutes.
Salut
l’homme, parti trop tôt !
Les Amis de Cinémaginaire
Lucien Quaglia
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