Présenté lundi au siège du parti de gauche par Martine Billard, Jean-Luc Mélenchon,
l'économiste Jacques Généreux et Guillaume Etievant de la commission économie du parti, ce contre-budget présente une vraie logique. Non seulement il inverse la tendance austéritaire, promet d'investir pour la croissance et la justice sociale, mais il permet accessoirement de réduire le déficit.
Première fondamentale différence entre le budget 2013 du gouvernement Ayrault et celui proposé par le parti de gauche: l’ambition.
Sur un an, ce contre-budget propose près de 132 milliards d’euros de recettes et 101 milliards de dépenses supplémentaires. Ce qui fait également 30 milliards d’économies. Une proposition de budget complètement en accord avec le programme l’Humain d’abord défendu par le Front de Gauche à la présidentielle, de très nombreuses mesures de ce contre-budget y étaient d'ailleurs inscrites. Un budget qui vient d'ailleurs financer les mesures phares de l'Humain d'abord : Smic à 1700 euros, nationalisation des activités de dépôt des banques, mais aussi des entreprises EDF, GDF et Areva pour créer un vaste pole public de l’énergie, la VIème République…
Une révolution fiscale
Partant du constat que 85 % des réductions des impôts profitent aux 10 % des plus riches, le parti de gauche propose donc de supprimer les principales niches fiscales (la niche Copé, le crédit impôt recherche, la TVA réduite dans le secteur de la restauration…). L’impôt sur le revenu serait refondu, plus progressif (14 tranches) et intègrerait les revenus du capital. Une taxe sur les produits et transactions de grand luxe serait créée.
La taxation sur les entreprises serait également complètement refondue. L’impôt sur les sociétés serait déjà le même pour tous, 33 %. La taxe sur les transactions financières passerait à un modeste 0,3 %. Plus important, le PG veut une véritable lutte « ferme et efficace » contre l’évasion fiscale. Pour les particuliers, mais surtout pour les entreprises, ce qui devrait rapporter jusque 35 milliards par an. Le manque à gagner de l’évasion fiscal en France s’élève déjà à au moins 600 milliards d’euros (cf : Ces 600 milliards qui manquent à la France d’Antoine Peillon au Seuil).
Le parti de gauche souhaiterait également s’attaquer frontalement à la fiscalité écologique. La publicité serait taxée à la source, notamment les pollutions visuelles dans l’espace public (panneaux, enseignes…), la taxe sur les poids lourds serait doublée.
Plus de recettes à mieux redistribuer
Il ne faut bien évidemment pas dissocier le volet recettes du volet dépense. C’est fondamental car il ne faut pas envisager la hausse effective de la fiscalité sans la redistribution qui s'en suit. La fin du prêt immobilier à 0 % peut faire grincer des dents, mais seulement si on le détache du vaste plan de lutte contre la spéculation immobilière et de la construction de 200 000 logements sociaux par an. Une meilleure redistribution, c’est aussi augmenter les bas salaires, y compris celui des fonctionnaires (11,4 milliards d’euros) et les minimas sociaux au dessus du seuil de pauvreté (10,6 milliards d’euros), c’est une vraie réforme de la santé et de l’hôpital garantissant les soins gratuits pour tous (16,4 milliards d’euros), et c’est bien entendu la retraite à 60 ans pour tous (33 milliards d’euros)…
De vraies perspectives d’avenir
Un autre aspect dans ce contre-budget du PG tranche avec celui du gouvernement Ayrault, c’est qu’il trace des perspectives, de vrais caps auxquels se rattacher. Avec, par exemple, la création d’un vrai socialisme écologique, avec une fiscalité incitative mais surtout avec d’importants investissements dans la géothermie et les énergies renouvelables pour développer une nouvelle industrie de pointe, en commençant par l’enseignement. Des investissements sur les transports ferroviaire, fluvial et maritime côtier pour limiter le transport routier, mais aussi pour remettre aux normes les 700 000 logements et bâtiments publics vont dans ce même sens…
L’autre cap fondamental présenté est nommé : émancipation humaine. C’est choisir l’éducation, la culture et la recherche plutôt que le profit à court terme. C’est financer la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans et la création de nouvelles bourses, créer 100 000 places de crèches, recruter 5000 enseignants-chercheurs, 18000 agents dans l'Education National et 2000 CDI à Pole Emploi, comme la refondation du statut des intermittents… C’est aussi la création d’un ministère de l’Education populaire, chargé d’apporter la culture et l’éducation politique au citoyen tout au long de sa vie.
Enfin est compris dans ce budget les économies de 500 millions d’euros permises par la sortie de la France de l’Otan et l’augmentation de l’aide au développement.
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