La décision rendue par le Conseil constitutionnel à propos du
nouveau traité européen est une décision de caractère politique. Alors
que la vocation proclamée de cette institution est de veiller au
respect des principes de la Constitution, elle ne trouve rien à redire
quand l'un des plus fondamentaux d'entre eux est remis en cause. Il
s'agit de la souveraineté populaire indissociable de la souveraineté
budgétaire des Etats.
Le traité de Maastricht avait été apprécié autrement et nécessité un
ajustement de la Constitution. Ce n'est pas tant le principe de la
« règle d’or », avec un taux toléré de déficit abaissé à 0,5% - règle
absente du traité de Maastricht- qui pose gravement question. Mais bien
le cran supplémentaire, à nos yeux antidémocratique et
anticonstitutionnel, qui se prépare avec le nouveau traité.
Ce dernier
donne le pouvoir à des institutions extérieures au pays, dont la
Commission de Bruxelles, de décider du budget national, de le rectifier
si elles le jugent nécessaire, puis de contrôler la nature des recettes
et des dépenses. Or, un des fondements de notre démocratie est
précisément la responsabilité du Parlement de lever l’impôt et d’en
répartir les fruits.
Le plus important transfert de compétences qu’on puisse imaginer pour
un Etat. Quand on sait que ce transfert a pour objectif d'imposer
l’austérité à perpétuité, on est en droit de penser que le Conseil
constitutionnel a privilégié cette considération politique plutôt que
son rôle de gardien de la Constitution.
Ajoutons que le traité (TSCG) n’est pas qu’un pacte budgétaire. Son
titre IV, portant sur « la coordination des politiques économiques »,
constitue aussi une immiscion claire dans le choix des politiques
économiques des Etats et gouvernements, conditionnant toute « réforme
économique à l’autorisation des institutions européennes ».
La surprenante décision politique du Conseil constitutionnel ne
parviendra pas à étouffer le nécessaire débat sur les moyens de sortir
l’Europe de la crise. Sur tout le continent, les populations constatent
que la situation s'aggrave dangereusement au point qu'on parle de plus
en plus de récession, voir de menaces sur l’euro. Le traité ne peut être
adopté en catimini à la faveur d’une séance extraordinaire du Parlement
en septembre.
Au nom des propres engagements de F. Hollande à « réorienter la
construction européenne », de la défense de la souveraineté populaire et
de la possibilité de réussir une politique de gauche, nous réclamons
avec encore plus de force, un débat et un référendum sur le nouveau
traité européen.
Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Député européen
Vice-président du groupe de la gauche unitaire européenne
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