Lu sur le blog de jean-luc mélenchon (extraits):
Me revoici. J’entre dans le flot de la toile
comme on entre dans la mer pour un bain. Je dois m’acclimater. Je
reprends. Tout doux. Rien ne me fera accélérer. Bien calé dans mon hamac
je lis la pile des numéros de « L’Humanité » que la factrice m’a livrée
pendant mon absence. J’ai le temps !
Ma pile du journal « L’Humanité » une fois finie,
j’ai lu les gazettes de la finance. Là, c’est autre chose. La violence
de mon indignation est intacte. Je crois même que ça s’est aggravé. Je
reviens d’une zone du monde en pleine ébullition où tout déborde de
projets et d’énergie. Le choc de la comparaison est sévère. Là-bas aussi
ils ont connu ça jusqu’à ce que commence la vague des révolutions
démocratiques qui a tout balayé. Maintenant les voilà dans les
turbulences d’un monde en mouvement.
Ici, c’est : bonjour tristesse.
Partout la peur. Partout la déprime. Il y a de quoi. La politique
stupide d’austérité généralisée est en train de provoquer une récession
générale sur le vieux continent. Ricanons en voyant que même ce
mégalithe de madame Merkel commence à payer le prix de la politique de
rustre qu’elle impose à toute l’Europe avec sa bonne conscience à front
de bœuf ! Ce n’est pas faute d’avoir expliqué combien ce désastre était
prévisible et combien il ne pouvait en être autrement. Mais à quoi bon !
Les très intelligents continuent de pérorer dans les colonnes que je
lis. Rien ne les arrêtera. Au loin, on entend déjà le bruit de la grande
chute d’eau qui va envoyer tout le monde dans le vide. Mais tous
pédalent avec ardeur : plus vite, plus fort ! La Grèce a encore perdu
six points d’activité économique ! Pourquoi changer une politique qui ne
marche pas ? L’Espagne est entrée à son tour dans la spirale mortelle.
Quelle surprise ! Lisez le texte de Sépulvéda dans « Le Monde
Diplomatique » de ce mois-ci, malicieusement titré « le chat de
Zapatero ». Le traité européen soi-disant « renégocié » par François
Hollande va aggraver ce chaos déjà automatiquement grandissant. La
vérité c’est qu’il est inapplicable. Qui et comment dans une économie
déjà en récession va encore atteindre un déficit désormais limité à 0,5
% ? Qui est capable de provoquer un tel choc de contraction de la
dépense publique ? Fumisterie ! Mais on peut compter sur l’armée des
« béni oui-oui », en rangs serrés comme d’habitude, médiacrâtes,
« responsables » politiques et compagnie pour assurer un escamotage
complet du débat formel prévu à l’Assemblée pour la ratification du
nouveau traité. La réalité et la résistance devra donc trouver d’autres
chemins...
il y a nécessité d’agir en commun... Comment ?
En partant des revendications communes de l’humanité dont
nous sommes porteurs ! J’ai cité dans cet ordre d’esprit la question de
l’eau et de sa propriété collective inaliénable ! L’eau publique, la
gestion de l’eau libérée du parasitisme de l’argent et des
multinationales ! Cette bataille-là, c’est à mes yeux l’équivalent de la
bataille pour la journée de huit heures qui donna son sens concret à
l’existence de la première internationale ! Le scandale récent révélé
par « Marianne 2 » et « Médiapart » sur ce complot de la multinationale
de l’eau pour contrer l’action de notre camarade Gabriel Amard et la
fondation de la régie publique de l’eau des « Lacs de l’Essonne »,
n’est-il pas révélateur ? Ne souligne-t-elle pas l’étroite connexion
entre la dimension écologiste et anti-capitaliste de notre combat et de
notre projet de société ? De ce fait, la plainte que Gabriel Amard a
déposée contre la multinationale pour « trafic d’influence » est une
première de grande portée politique. Bien sûr je vais y revenir très
bientôt, et pas qu’une fois...
le Front de Gauche est une
invention destinée à nous aider à franchir nos limites. Celles
qu’avaient assigné à notre gauche le goût des routines,
l’intériorisation de la claustration minoritaire, le sectarisme, le
réflexe des querelles byzantines et des batailles de textes
prophétiques, la fascination pour les jeux de billards à trois bandes,
les sordides querelles d’égo habillées en chocs théoriques. Tout cela
était la gangue qui empêchait que déferle la formidable énergie que
notre mouvance contient. Et le Front reste la machine adéquate aussi
longtemps qu’il respecte cet objectif. Sinon : retour à la case départ.
Mais la vie, elle, continuera. Et cela parce que le Front de Gauche
n’est pas une fin en soi. La situation écologique et sociale appelle une
réponse aux limites qu’elles semblent assigner au futur de l’humanité
toute entière. L’objectif est d’appliquer celle que nous avons élaborée
dans nos combats, de mettre en œuvre notre projet pour l’avenir. La
révolution citoyenne comme sortie de crise. Voilà la tâche. Les poètes
auront toujours le dernier mot.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire