un article de "l'humanité"
Bruxelles, envoyé spécial. C’est fait. François
Hollande a annoncé ce midi qu’il soumettrait le Traité sur la stabilité,
la coordination et la gouvernance (TSCG) dans l’Union économique et
monétaire à la ratification du Parlement français. Lors de la campagne
électorale, il avait pourtant promis sa renégociation, avant de ne plus
se contenter que d’un volet de croissance, qu’il a pressé ses pairs
d’adopter cette dernière semaine. Ce TSCG interdit notamment d’avoir des
déficits structurels supérieurs à 0,5%, couronnant ainsi les politiques
austéritaires négociées à Bruxelles depuis quatre ans et parfois votées
au Parlement européen.
En fait de ratification de traité, c’est un paquet cadeau que
soumettra François Hollande à l’Assemblée nationale et au Sénat. Les
députés français auront à se prononcer sur un ensemble englobant le
TSCG, la supervision bancaire européenne encore en cours de négociation,
mais actée ce vendredi, la taxe sur les transactions financières qui
devrait voir le jour avant la fin de l’année, et le pacte de croissance.
Un tel paquet devrait permettre de faire taire les députés socialistes
récalcitrants. « Dans la campagne présidentielle, a justifié l’ancien
candidat socialiste, je voulais renégocier le traité pour y mettre ce
qui n’y était pas : la croissance et des mesures de stabilité à moyen
terme ». En revanche, il n’est pas question, selon François Hollande
d’inscrire la règle d’or dans la Constitution. Il privilégie une loi
cadre de réduction des déficits.
Qu’est-ce que ce pacte de croissance ? Ce « Pacte
pour la croissance et l’emploi » est un programme d’investissements
européens pour une valeur de 125 milliards d’euros, soit 1% du PIB
européen. 55 milliards de Fonds structurels non utilisés seront
réallouées. La Banque européenne d’investissements est dotée de 60
milliards d’euros supplémentaires. En outre, 5 milliards d’euros
d’obligations de projets, pour financer des infrastructures seront
levées sur les marchés.
Voilà pour l’affichage. Présenté comme devant servir de contrepoids à
l’austérité incluse dans le TSCG, elle est en fait son complément. Le
premier article du texte rappelle qu’en fait de stratégie de croissance,
les « nouveaux outils pour la gouvernance économique doivent être
utilisés à plein ». Il s’agit là du semestre européen, des
recommandations adressées par la Commission aux pays européens et qu’ils
sont tenus d’appliquer, depuis l’adoption par le Parlement européen du
paquet de directives 6-pack l’an dernier. La directive 2-pack doit être
« adoptée rapidement » disent les conclusions du Conseil. Ce texte
permettra notamment à la Commission européenne d’intervenir en plein
débat budgétaire dans les Etats membres, lui conférant quasiment le
pouvoir de présenter des amendements aux budgets nationaux.
Autre élément marquant du sommet : le pressing des chefs de gouvernements espagnol et italien,
Mariano Rajoy et Mario Monti. Le premier a obtenu une recapitalisation
des banques espagnoles par les fonds de secours européen, sans que cela
ne soit compté dans sa dette publique nationale. Le second est lui,
parvenu à arracher la possibilité pour un pays de voir sa dette rachetée
sur le marché secondaire par les fonds de secours européens. Si les
taux d’intérêts sur la dette italienne, aujourd’hui supérieurs à 6%
venaient à diminuer, il n’aurait pas recours à cette nouvelle
possibilité. Tout pays ayant recours à ces nouveaux outils devront
respecter scrupuleusement les recommandations, en matière budgétaire et
de réformes structurelles, que leur adresse chaque année la Commission
dans le cadre du semestre européen.
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