L'assemblée
citoyenne cantonale du mardi 18 juin à Villelongue a porté sur les retraites. Près d'une
trentaine de personnes ont participé à cette rencontre. Michel Coronas,
administrateur d'organismes sociaux a lancé le débat .
Extrait de son intervention
« Pour bien engager une réflexion sur la question des retraites,
la première condition c’est de ne pas considérer celles-ci comme un sujet en
soi coupé d’une réflexion plus large sur l’évolution de la société que nous
envisageons.
Cela doit permettre d’éviter les poncifs, les vérités d’un apparent bon
sens et consacrées à comment gérer la crise sans rien changer aux rapports de
domination et aux logiques qui régissent notre système économique et social.
Ainsi, si
l’on examine le volume des richesses créées dans notre pays, dans les 20
dernières années :
Le PIB a
évolué de + 33%.
· Ralentissement et léger
tassement lors des deux dernières années.
Mais dans le
même temps, deux autres données sont intéressantes à observer :
· Le volume des cotisations
sociales : +19%.
· Revenus financiers des
entreprises et des banques : +143% -> 270/300 milliards.
Déficit retraite 20 milliards – 2020
Sur la même
période (1983-2006) environ 20 ans.
En croisant
d’autres données économiques notamment sur la répartition de la valeur ajoutée
(richesse nouvelle créée).
Comment se
répartit-elle ?
· La part des salaires a
chuté de 10%.
· La part des dividendes est
passée de 5 à25%.
Sa part dans
le PIB est passée de 3,2% à 8,5%.
Nous
touchons à l’une des données structurelles et fondamentales de la crise
concernant le déséquilibre de la répartition des richesses créées :
· Les dépenses sont utiles
en diminution.
· L’accumulation financière
s’accroît sans cesse.
Dans cette même période, nous avons connu l’apparition depuis 2007/2008
une crise systémique.
Les banques, les grands groupes financiers, commerciaux et industriels,
doivent disposer de toujours plus de profits pour alimenter leurs opérations
spéculatives.
Alors que le
regard se focalise sur la compétitivité toujours du côté de la compression de
la masse salariale, les produits financiers dans la valeur ajoutée des
entreprises sont deux fois supérieurs (29%) à leurs cotisations sociales (15%).
A partir de ces constats, on peut commencer … à parler de la réforme
des retraites.
L’horizon
incertain des déficits à l’horizon :
· 2020 : 1% PIB.
· 2040 : entre 0,2 et
2,4% PIB.
· 2060 : entre -0,5 à
2,7%.
Pourquoi de
tels écarts ? Parce qu’il y a une multitude de facteurs qui peuvent
influer sur cet équilibre.
Il s’agit
tout d’abord de déterminer un postulat de base.
Quel système
vise-t-on ?
· Soit un système à
cotisations définies.
è Et donc l’on va travailler
sur les autres variables :
o Durée de cotisation.
o Allongement de l’âge de
départ.
o Réduction des droits.
· Soit un système à
prestations définies.
è Et donc l’on va travailler
sur le variable cotisations :
o Taux de couverture
Retraite/Salaires.
o Minima de pension.
o Age de départ en fonction
pénibilité.
L’un est-il
irréaliste ou insupportable vis à vis de l’autre ?
Aucun des
deux, mais ils ne recherchent pas le même but.
Le MEDEF, la Commission européenne et, il faut le regretter, le
Gouvernement penchent pour la cotisation définie car ils sont alignés sur la
réduction des déficits publics (dont je rappelle qu’ils sont, dans une large
part, la conséquence du sauvetage des banques, de la diminution des
contributions des plus aisées…).
D’autres comme le PCF, le Front de Gauche, la CGT, le FSU, Solidaire et
dans une certaine mesure FO dans le mouvement syndical sont dans la perspective
de retraites à prestations définies.
Voilà dans
quel contexte se développent aujourd’hui les débats concernant la réforme des
retraites et son cortège d’affirmations péremptoires, souvent discordantes,
destinées à préparer l’opinion au pire.
1ère phase du scénario
Le rapport demandé à la Conseillère d’Etat, Yannick MOREAU.
Fuites et dramatisation à outrance.
Toutes les
mauvaises pistes sont évoquées :
è Allongement de la durée.
è Recul de l’âge légal.
è Ponctions fiscales :
suppression de l’abattement de 10% IR.
è Désindexation des pensions
è Fiscalisation de la
bonification de 10 ≥ 3 enfants. Le but toujours inavoué est la baisse des
pensions.
2ème pan du dispositif
Les arguments qui tournent plus globalement autour de la gestion et de
l’acceptation de la crise.
Déséquilibre démographique : taux de remplacement des générations.
On vit plus longtemps, on travaille plus longtemps.
Il faut réparer les injustices ; inégalités public/privé, régimes
spéciaux.
Aucun de ces arguments n’a un fondement sérieux (développer …).
3ème pan du dispositif
Pression psychologique.
Exemple sondage qui par avant justifierait la voie privilégiée par le
Président de la République.
Les retraités seraient des privilèges.
Après une
période de réduction de la pauvreté ; année 1970 : 35% sous le seuil
de pauvreté, année 1990 : 10%, on replonge.
Inégalités des pensions selon le sexe :
Femmes 879 € Homme 1 657 €
Pension moyenne 1 245 € (rappel seuil de pauvreté 1 001 €) :
è 46% des pensionnés du
régime général perçoivent, en 2012, 628,99 € par mois.
è 28% des pensionnés de la
fonction publique perçoivent le minimum.
è 8% des pensionnés de
l’Etat perçoivent le minimum.
è 572 000 retraités
perçoivent l’allocation solidarité, soit 787,26 € pour une personne seule.
Ces différentes affirmations doivent être combattues. Des solutions
alternatives sont travaillées par des courants de divers horizons qui proposent
d’autres modes de financement tant dans le mouvement syndical , que dans les
partis politiques (projet de loi Ft de G).
Ils ont un socle commun :
· Système par répartition.
· Solidarité intergénérationnelle.
La réforme
des retraites est dictée aujourd’hui jusque dans le détail par la Commission
européenne (voir ses dernières recommandations en date du 29 mai 2013). »
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