Des voix s’élèvent dans la majorité présidentielle contre une
ratification sans consultation populaire du traité Sarkozy-Merkel,
augmenté d’un timide volet sur la croissance. L’Élysée devra affronter
le débat à la rentrée.
Tandis que François Hollande poursuit sa tournée téléphonique des
dirigeants européens pour rassembler autour de lui les opposants à la
ligne Merkel, des voix s’élèvent dans sa majorité pour refuser le Pacte budgétaire européen.
Ainsi, le président du groupe Europe Écologie-les Verts (EELV) au
Sénat, Jean-Vincent Placé, a déclaré qu’il voterait non au traité que le
Parlement français doit ratifier fin septembre après avis du Conseil
constitutionnel. « Je ne peux pas dire qu’il y ait assez d’avancées
politiques pour que ce traité soit autre chose que ce qu’il a été prévu
par Merkel et Sarkozy, c’est-à-dire un traité extrêmement austère et
excessivement rigoureux », a détaillé l’élu écologiste, qui estime que
cette position ne le met pas en marge de la majorité.
"Voter au canon"
« Je ne crois pas qu’une majorité soit des gens qui lèvent le bras quand le président de la République
dit quelque chose », a-t-il dit, ajoutant : « J’espère que le président
de la République ne souhaite pas que sa majorité soit là à voter au
canon toutes ses dispositions. » « Le pacte de croissance va dans le bon
sens », a-t-il estimé, saluant une « nouvelle donne depuis que François
Hollande est là ». Il se démarque d’autres écologistes tel Pascal
Canfin. Fin 2011, alors qu’il n’était pas encore ministre délégué en
charge du Développement, le spécialiste de la finance dénonçait
« l’impasse » du traité Sarkozy-Merkel, tout en suggérant de « faire en
sorte que l’évaluation des projets de loi de finances nationaux par la
Commission fasse l’objet d’une validation par le Parlement européen »,
actant donc l’abandon de souveraineté, souhaitant que l’Union européenne
avance vers le fédéralisme.
Les amis de Benoît Hamon
Au sein même du PS, l’aile gauche se fait entendre. Après les Jeunes
socialistes, la motion « Un monde d’avance » présente, en vue du
prochain congrès du PS, une contribution qui appelle à ce que la
ratification du traité, qui « engagerait l’avenir de notre pays aussi
fortement que l’avait fait le traité de Maastricht », soit soumise à un
référendum, rejoignant là le Front de gauche, mais sans remettre en
cause la nécessité de réduction des déficits, souhaitant « adapter le
calendrier afin que le modèle social joue son rôle d’amortisseur de
crise ».
Le texte des amis de Benoît Hamon
appuie là où ça fait mal, en rappelant les accents de la campagne qui a
porté Hollande au pouvoir : « Ce fédéralisme européen sans démocratie
fédérale (...) déciderait des marges budgétaires de chaque État membre.
Exactement ce que François Hollande nous avait proposé d’affronter dans
son discours du Bourget. » L’emploi du plus-que-parfait signe la crainte
que l’engagement appartienne désormais au passé.
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