L'Association française des magistrats de la jeunesse et de
la famille soutient la ministre de la Justice, Christiane Taubira, dans
sa volonté de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs. Une
première décision qui a soulevé l'indignation à droite.
"C'est pour nous une grande satisfaction, un grand réconfort, que la
première annonce de la garde des Sceaux soit de revenir sur la plus
symbolique des dernières réformes adoptées par le précédent gouvernement
en matière de justice des mineurs", a déclaré à l'AFP Catherine Sultan,
présidente de l'AFMJF, l’Association française des magistrats de la
jeunesse et de la famille. Selon elle, "cette réforme était une décision
d'affichage, pour dire maintenant, en France, on juge les mineurs comme
les majeurs".
Ces tribunaux correctionnels pour mineurs ont été instaurés par la
loi du 10 août 2011 et fonctionnent depuis janvier. Ils sont composés de
trois juges professionnels et jugent les récidivistes de 16 à 18 ans
encourant une peine d'au moins trois ans de prison. Ces jeunes
comparaissaient auparavant, comme les autres mineurs, devant un tribunal
pour enfants composé d'un juge des enfants et de deux citoyens
assesseurs. Christiane Taubira avait confirmé dimanche l'intention du
gouvernement de supprimer ces tribunaux correctionnels, comme l'avait
annoncé François Hollande durant la campagne, s'attirant de vives
critiques de la droite. Critiques qui ont été renouvelées en chœur par
l’UMP et le Front national, qui, d’une même voix, parlent de « laxisme
de la gauche ».
L'AFMJF dément les accusations de laxisme
"On dit qu'on renoue avec le laxisme, mais cette critique est
fausse", assure Catherine Sultan, en soulignant que "les peines et les
mesures que peuvent prononcer les tribunaux correctionnels pour mineurs
et les tribunaux pour enfants sont exactement les mêmes". Simplement,
selon elle, le tribunal correctionnel pour mineurs tend à marginaliser
le juge des enfants, sa création était "un acte de défiance à l'égard
des juges spécialisés", souvent présentés par Nicolas Sarkozy comme trop
indulgents à l'égard les délinquants.
S'agissant des quelques cas dont elle a eu connaissance depuis la
création des tribunaux correctionnels pour mineurs, Mme Sultan affirme
que leurs décisions n'ont pas été plus sévères que celles qu'aurait
prises un tribunal pour enfants. "Il faut parler de la réalité et
arrêter d'utiliser la délinquance des mineurs comme un sujet de
communication politique", a-t-elle conclu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire