Résultats départementaux. Dans les P.-O., le Front de gauche progresse nettement tandis que le Front national siphonne les
voix de la droite.
L’angle de
comparaison le plus objectif pour le Front de gauche, qui n’a que trois
ans d’existence, est le résultat obtenu par Marie-George
Buffet aux présidentielles de 2007. Auparavant constatons que,
depuis qu’existe ce rassemblement, son influence électorale ne fait que
progresser, de régionales en européennes, de cantonales en
présidentielle. Le Front de gauche obtient dans les P.-O., 12,77 % ;
entre 2007 et 2012, il gagne 10,15 % et 26 822 voix, son pourcentage
est donc multiplié par 5.
Dans le
même temps, François Hollande, avec 25,96 %, ne gagne que 1,14 % et
3107 voix sur Ségolène Royal dont le score avait été qualifié de moyen à
l’époque. François Bayrou s’effondre à 6,29%
et perd 8%. Nicolas Sarkozy obtient 25,31% et perd 7%, récupérés
allégrement par le FN qui avec 24,23% gagne 10% (moins que le Front de
gauche, c’est important de le souligner).
Le FN recycle l’UMP
En portant les
idées d’extrême droite, l’UMP s’est jetée dans la gueule du loup Front
national et celui-ci est en train de la digérer
tranquillement. Il est aussi important de noter que si la
progression du Front de gauche fait grimper le total gauche par rapport à
2007, celle du FN n’a pas le même effet sur le total droite.
Une leçon de plus à retenir pour les législatives : les bons
résultats du Front de gauche n’handicapent pas la gauche, bien au
contraire. Ces chiffres et ces analyses sont confirmés peu ou
prou dans toutes les villes du département, là où le FN est en tête
comme à Saint-Laurent de la Salanque, Saint-Estève ou Elne, là où l’UMP
est en tête comme à Argelès, là où le PS est en tête
comme à Rivesaltes.
Sans doute
conviendra-t-il d’analyser plus profondément le contenu du vote FN. Il
contient un peu de tout, racisme, désespérance, colère, bêtise
et fascisme. Toutefois une chose saute aux yeux, il est important
dans notre département comme dans tous les départements qui cumulent
désindustrialisation, difficultés sociales et crise (Est,
grand Sud et Nord-Pas de Calais). A noter aussi que les meilleurs
scores du FN ne sont pas là où on les attendait. Exemple avec la 1e circonscription, 2% en dessous de la moyenne
départementale ou la 2e où, avec 27%, le FN est 3%
au-dessus de cette moyenne. Il semblerait aussi que, dans les quartiers
urbains où la mixité sociale est mieux réussie, le FN
obtient de moins bons résultats. En revanche dans la périphérie de
Perpignan, dans les villes qui ont explosé démographiquement avec des
zones pavillonnaires importantes, sa progression est plus
forte. Comme d’ailleurs dans certains coins très ruraux abandonnés
de tout et de tous (recul du service public, de l’emploi …). Un premier
coup d’œil permet donc de dire que le vote FN a été
alimenté par un double phénomène. En zones « urbaines » habitées par
des classes « moyennes » c’est un réflexe de protection, de partage des
idées et des fantasmes du FN qui a
joué alors qu’en zones rurales, la situation difficile vécue comme
un abandon de la part des pouvoirs publics a pesé.
Un point d’appui pour les législatives
Revenons au Front
de gauche qui obtient un résultat remarquable en Vallespir et
Haut-Vallespir, dans les Aspres, en Fenouillèdes, en Conflent.
Sans oublier les villes dirigées par des maires communistes où, par
rapport à 2007, on note des progressions spectaculaires du Front de
gauche. Et, dans ces villes, bien que le PS stagne, ces
progressions permettent d’augmenter le score général de la gauche.
Ces bons résultats
dans toutes les circonscriptions seront autant de points d’appui pour
les candidats du Front de gauche qui pourraient
récupérer, une fois Sarkozy viré, le courant de sympathie pour ses
propositions, largement entendu durant la présidentielle. En effet
nombreux sont nos concitoyens qui ont voté
« utile » pour François Hollande tout en se disant qu’il fallait une
politique de gauche comme la portait Jean-Luc Mélenchon. Ils savent
maintenant qu’un groupe important de députés
Front de Gauche au Parlement sera décisif pour qu’une vraie
politique de gauche se mette en place dans le pays. Rien n’est donc
encore joué pour les législatives quoiqu’en dise le quotidien du
département, qui semble avoir déjà pris fait et cause pour certains
candidats contre d’autres.
Nicolas Garcia.
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