un récit de Guy Gouarin, participant à la manifestation pacifiste:
La perspective était belle, et le jour du
départ était proche.
Une semaine avant, j’avais vu le
film « My land » de Nabil Ayouch,
qui parle si bien de la situation
terrible du peuple palestinien.
J’allais pouvoir les rencontrer,
leur témoigner de notre solidarité.
Je m’étais inscrit à « bienvenue
en Palestine »,
une mission pacifique menant à Bethlehem ,
avec rendez vous place de la nativité, au Peace center.
On y allait pour la construction d’une école internationale,
pour planter des oliviers, en territoire
occupé,
avec des gens solidaires, venus du
monde entier.
Vingt cinq associations locales,
s’occupaient de notre accueil ! .
Comment pouvais-je
imaginer qu’on allait m’en empêcher ?
On était plus de mille cinq cent
inscrits,
j’avais mon passeport et mon billet d’avion,
je n’avais qu’à préparer ma petite valise,
et pour atterrir à Tel Aviv, prendre l’avion à
Toulouse .
J’avais une escale à Francfort,
et un copain avait promis de m’y rejoindre,
pour m’offrir une bonne bière, et une saucisse au
curry.
La perspective était vraiment très belle,
on ne devait pas m’empêcher de partir…
Bien sûr, j’avais des craintes.
Le 31 mai 2010, pour empêcher « la
flottille de la liberté »,
chargée
de vivres et de médicaments, d’accoster
à Gaza,
Israél, dans les eaux internationales, n’avait
pas hésité à tirer.
L’équipage était constitué de
volontaires de différents pays,
et pour avoir osé riposter, 9 militants avaient été tués .
C’était un transport humanitaire,
destiné aux victimes du blocus,
qu’impose l’état israélien .
Ca avait fait du bruit, quand
même. L’opinion s’était émue.
Depuis, il y a eu d’autres actions
de solidarité.
La deuxième flottille de la liberté, un bateau pour Gaza,
la première édition de Bienvenue en Palestine…
Des opérations à chaque fois réprimées.
Ils ne pouvaient pas recommencer de telles bavures.
En ce printemps 2012, on n’allait pas nous
empêcher de partir !
Je savais que j’allais perdre du
temps dans les check points,
dans les transports, aux
contrôles, mais comment s’en plaindre,
c’est le lot quotidien dans les zones occupées…
Je savais que je ne serai pas logé
comme à l’hôtel,
je serais en Auberge de jeunesse ou dans les
familles,
de manière rudimentaires peut-être,
mais je préfère ce genre de tourisme.
Je me réjouissais déjà, de
partager leur vie.
je suis simple adhérent du
Mouvement de la paix.
Je ne suis pas un terroriste.
On n’allait pas m’empêcher de
partir…….
J’avais pensé aussi à cette jeune pacifiste américaine, Rachel Corrie.
En 2003, cette imprudente,
croyait pouvoir stopper les bulldozers de Tsahal,
occupés à raser les villages palestiniens
pour y implanter d’autres colonies.
Un film a été fait, pour raconter
cet événement horrible.
Le bulldozer n’a pas calé. A 22
ans, la pauvre est morte écrabouillée.
Je n’aurais pas eu son courage, je
me serais écarté.
Tout ça n’allait pas recommencer,
on n’allait pas m’empêcher de partir..
Je me disais que des gens issus
d’un peuple,
qui a tant souffert dans l’univers
concentrationnaire,
n’irait pas interdire un tel rassemblement
pacifique.
Pas possible, on n’allait pas m’empêcher
de partir !
Mais j’ai pensé aussi au vieil
écrivain Günter Grass,
le prix Nobel de littérature de
1999,
accusé d’antisémitisme, il y
a juste quelques semaines.
Dans un beau texte publié, il ne
faisait que condamner son pays,
de faire commerce d’armement nucléaire,
avec Israël.
Quelle folie !
Plus près encore, c’était le 11
avril, J’apprenais que des membres
de la délégation française du mouvement de la
paix,
avec des Palestiniens et des Italiens,
dans une rue d’Hébron, avaient été
brutalisés.
Cela lors d’un contrôle, alors qu’ils essayaient d’atteindre
« la conférence
internationale sur la résistance non violente… » !
Quatre personnes emprisonnées, une
militante blessée à l’épaule,
et ces zélés soldats israéliens,
applaudis par des colons.
Quelles drôles de façons…… !
Quatre jours plus tard, allait on
m’empêcher de partir ?
Et bien oui.
Le lendemain, j’ai reçu un petit mail
incroyable de la compagnie.
«La réservation de votre vol a été
annulée, le 12 avril.
Ce message a été généré automatiquement, merci
de ne pas y répondre… »
120 personnes devaient partir comme moi de Toulouse.
Beaucoup sont allé manifester très
tôt le matin à l’aéroport,
à l’heure
où l’on devait partir…
Les radios, les télés ont dit que le gouvernement israélien nous classait
comme indésirables à l’aéroport Ben Gourion, .
Qu’Israël disait qu’on y allait « pour
semer le trouble,
qu’on était des activistes pro palestiniens, des
provocateurs! »
Bien
sûr, bien sûr……
C’est pour cela sans doute, qu’ils ont cru bon
d’emprisonner 40 français et d’autres nationaux, qui avaient réussi à contourner
le barrage.
Le gouvernement belge a déjà protesté
énergiquement contre cet état de fait.
Notre gouvernement ne dira rien
encore, ou pire :
» qu’on l’a bien cherché ».
« C’est pas not’ faut’, c’est
les compagnies aériennes.. »
Mais,
on est habitué.
C’est parce qu’Israël a détruit
les aéroports palestiniens,
que l’on devait passer par le leur.
Ce n’était pas de gaieté de cœur, qu’on
prenait ce passage obligé.
Ainsi, ils empêchent le monde de se rendre sur le territoire,
qu’ils occupent illégalement. C’est un comble !
Les Palestiniens n’ont plus que 9 % de leur
territoire initial.
Israël continue à voler les
terres, à détruire les récoltes,
à construire son mur immonde.
Ce pays se moque de l’ONU et de tous les traités!
Quelle
pitié.
Je voudrais tellement me trouver à Jérusalem maintenant,
pour pouvoir me rendre au mur des
lamentations.
Je pourrais pleurer de rage, sur le sort des Palestiniens.
Merci et félicitations aux organisateurs de «
Bienvenue en Palestine».
Quel travail ils ont fait ! Ils
doivent être terriblement déçus.
Mais ce n’est que partie remise,
la lutte continue.
Guy GOUARIN 17/04/ 2012
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