La crise fait que les gens se posent
des questions qu’ils ne se posaient pas auparavant et qu’ils se rendent compte
que ce que nous (Le front de gauche (ndlr)) disions sur les impasses de ce système est vrai. L’idée que l’on
ne peut pas régler les choses à la marge grandit. Je pense qu’il peut se
produire un renversement sur la notion même de vote utile.
En 1997, nous ne sommes pas en
crise, la gauche arrive au pouvoir sur un programme qui n’est pas en rupture
avec le capitalisme et elle réussit à faire des choses. Mais aujourd’hui, cela
n’est plus possible. Une gauche qui arriverait au pouvoir sans se donner des
marges de manœuvre serait automatiquement entraînée dans la super austérité
prônée par l’UE.
Donc, si on veut que la gauche
réussisse et c’est cela le premier objectif du Front de gauche , il faut qu’elle
fasse des réformes qui vont lui donner les moyens de résister aux logiques du
système. On ne pourra pas relancer l’économie si l’on ne se donne pas les
moyens de la maîtrise du crédit, avec un pôle public du crédit, et les moyens
de la relance de la consommation par l’augmentation des salaires.
On ne peut pas parler de relance
sans se poser la question d’un nouveau développement des services publics. On
ne peut pas en rester, comme l’explique François Hollande, sur un statu quo à
ce sujet.
C’est la même chose sur la question
des institutions. Prenons la sixième République. Ce n’est pas nous qui avons
inventé ce terme. C’est un certain Montebourg qui en parlait. Or, aujourd’hui,
le PS est dans la «mesurette» sur cette question. Avons-nous besoin ou pas d’une
nouvelle avancée démocratique permettant de développer l’intervention populaire
et citoyenne?? Si on veut faire bouger les choses en Europe, nationaliser un
certain nombre de banques, donner des droits nouveaux aux travailleurs dans les
entreprises, il va falloir créer un rapport de forces populaire extraordinaire
et cela appelle de créer cette fameuse sixième République.
Ce que je veux dire, c’est que voter
utile, c’est se donner les outils pour pouvoir mener une politique de gauche.
Avoir un discours de gauche, ce n’est pas jouer les Messieurs Plus en matière
de propositions. C’est montrer ce qu’il est possible de dégager comme leviers
pour répondre aux attentes populaires.
Avec le Front de gauche, nous avons
donné à voir que nous faisions de l’unité une des conditions de la victoire et
de la réussite de la gauche. Le FG montre dans le concret que ce rassemblement
peut se construire. Et quand Jean-Luc Mélenchon adresse un appel au débat à l’ensemble
de la gauche, il inscrit encore plus le Front de gauche dans cette démarche de
rassemblement. Le FG tient les deux bouts: contenu et rassemblement à gauche
pour battre la bande du Fouquet’s. J’ajoute que le fait que nous ayons un bon
candidat nous aide. L’émission de Jean-Luc Mélenchon sur France 2 a marqué les
esprits.
Marie-Georges Buffet
extraits d'une interview parue dans "L'Humanité Dimanche"
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