Mardi 24 janvier, salle des mariages, près de 70
personnes ont participé à la troisième assemblée citoyenne cantonale. Après les
souhaits de bienvenue de Danilo Pilon, maire adjoint, c'est Nathalie,
animatrice de l'assemblée qui ouvre la soirée par ces mots « je suis là en simple citoyenne qui veut changer les choses avec le Front de Gauche ...» Elle présente
l'intervenant, Yves Dimicoli, économiste, membre du conseil national du
PCF et co rédacteur du programme populaire partagé que porte le front de gauche
et son candidat , «l'Humain d'abord».Tous les ingrédients sont alors réunis
pour faire de cette soirée un moment d'écoute, de questionnement, de
propositions sur le thème «comment sortir de la crise?».
Le pourquoi de la dette
Une courte vidéo sur la dette suivie d'une série
de diapositives permet à Eugène, militant communiste et animateur lui aussi de
l'assemblée, de démontrer que «la dette n'est pas nôtre dette mais celle des
riches», que «la politique de Sarkozy, avec ses niches fiscales, la fraude
fiscale, les cadeaux fiscaux, tire la France vers le bas» et que «le manque à
gagner sur l'imposition des gros salaires et grosses entreprises comblerait à
lui seul une grande partie de la dette». S'appuyant sur le rapport de la cour
des comptes et celui du député UMP Carriez, il précise «qu'entre 2000 et 2009
le budget de l’État aurait perdu entre 101,2 (soit 5,3% de PIB) et 119,3
milliards d'euros (6,2% de PIB) de recettes fiscales , les 2/3 étant dus au
coût net des nouvelles mesures de baisses d'impôts (pour les plus riches)». Il conclut«la richesse par
habitant progresse de 2% par an depuis 1950, le pays est beaucoup plus riche
qu'il y a 50 ans». Le débat s'installe avec la salle. On parle de
«résignation», de «peur», d'impuissance des citoyens face à une
« situation économique qu'ils ne maîtrisent pas ». On montre aussi du
doigt le grand emprunt lancé par Sarkozy dédié aux dépenses d'avenir,
« qu'a-t-il laissé comme trace dans l'état de la dette?Pourquoi la
gauche n'a pas réagi». Pour l'économiste Dimicoli, il y a « nécessité de
prendre les choses en mains, nécessité d'une expertise citoyenne»
Comment sortir de la crise ?
L'intervention d'Yves Dimicoli est concise,
percutante. Il dénonce l'attitude du gouvernement vis à vis des banques «des
centaines de milliards ont été trouvés pour renflouer les banques et sans
qu'une contre partie leur soit demandée ( taux d'intérêt, facilité d'accès à l'emprunt) et elles ont
continué comme avant, elles prêtent là où cela rapporte gros». Il faut en finir
avec les diabolisations, à savoir «pas
de prélèvement sur les grandes fortunes», «la dette publique», il faut
au contraire «riposter et culpabiliser les prélèvements financiers»( les intérêts
payés aux banques, les dividendes aux actionnaires). S'agissant des banques des
PO, ce sont « 8 153 millions d'euros* qui ont été déposés par les clients
(nous) autres que les sociétés ou les institutions financières », affirme
l'économiste, alors posez- vous la question :«cet argent a-t-il été
utilisé pour développer l'emploi, la recherche?». Il en vient alors à
« l'exigence de nationalisations et de la construction, à partir de la
CDC, d'un pôle bancaire et financier public pour une maîtrise sociale et
démocratique, nationale et régionale du crédit, avec de nouveaux pouvoirs
d'intervention et de contrôle des salariés et des usagers». Quant à l'Europe,
Yves Dimicoli dénonce l'échec de la construction européenne, pour autant «il
faut de l'Europe, car pour changer la
France il faut changer l'Europe et inversement »et «sortir de l'euro,
c'est déserter la bataille» et de proposer « la création d'un fonds
social, solidaire, européen pour financer les dépenses de santé, de la petite
enfance... ». Fin de l'exposé,
applaudissements chaleureux de la salle,
on est «scotché» ! Les questions se bousculent.
Les interventions des participants
Face au matraquage idéologique dans les médias,
« les économistes que l'on voit habituellement sont-ils les employés de ces
grands groupes ?. Rire de l'économiste, lui n'est lié à aucun ! Le
modèle allemand de productivité est évoqué, rien n'est tabou pour Y. Dimicoli
« en Allemagne il y a de bons rapports entre les banques et l'industrie,
en France les banques sont prédatrices. En Allemagne, de bons rapports existent
entre recherche, formation, production des jeunes, en France on ne prend pas de
risque, tout comme il y a des rapports
entre grandes entreprises et PME». Et l'on parle «d'irresponsabilité
sociale des grands groupes qui ont mis à mal l'industrie française», de la
nécessité «d'une nouvelle industrialisation». On évoque le coût du travail, la
« nécessité de ne pas confondre les petites entreprises que sont les
artisans et commerçants( qui sont en souffrance) avec les grandes
entreprises ». On pose la question des salaires, la réponse est immédiate
« l'augmentation indispensable des salaires, avec un SMIC à 1700€, va de
pair avec l'augmentation de la consommation , on a besoin de relancer la
demande ». La problématique des collectivités territoriales est
abordée, Nicolas Garcia évoque «la
double peine du citoyen qui subit la dette nationale et la dette des
collectivités » et propose « d'utiliser les cadeaux fiscaux en
bonification d'emprunts » et d'ajouter « une collectivité qui
s'endette pour faire des routes, un hôpital, s'enrichit (c'est le patrimoine),
si on le confie au privé c'est lui qui
s'enrichit» (ex l'hôpital de Corbeil et
le partenariat public/privé).
Y.Dimicoli dénonce la grave
situation « des collectivités qui
voient leurs ressources propres reculer » ( fin de la taxe
professionnelle), et en appelle à la « mobilisation des
territoires », à la « construction d'une autre civilisation, celle de
l'Humain d'abord, une société de partage,
une conquête de pouvoirs, de droits des salariés, ça vise 2012 et au
delà».
Après deux heures d'échanges, on sent bien que le
débat n'est pas clos. Des pistes pour une prochaine assemblée sont
avancées : le travail et la planification écologiste, l'Europe, la
crédibilité d'une politique de gauche.
Un pot de l'amitié, dit-on, clôture une soirée, ce
soir là le pot a prolongé le débat, par petits groupes. Difficile de se
séparer !
Michèle
Devaux
* sur le site « banque de France centralisation
financière »
remarquable assemblée... remarquable compte-rendu...
RépondreSupprimer